Lumière et Illusions

Au retour de ma mission à Pergande, je reste un petit peu inactive. Cette mission ma prise du temps uniquement parce qu'elle était à l'autre bout du monde. Là, j'ai envie de me poser quelques jours. Avant de repartir, encore. De rester ici, "chez nous". A Rosemary. Dans cette belle ville fleurit. Partout, des fleurs. Des roses pourpres, aux épines sauvages. L'emblème de notre guilde. L'emblème de Wildrose Thorn. Des fleurs aussi belles que dangereuses. Qui parfois m'hypnotisent plus que je ne pourrais l'admettre. Oui je trouve ces fleurs tout simplement ravissantes. Et, m'étant arrêtée près d'un rosier, non loin de la ville, j'observe les pétales mauves onduler sous la brise et le soleil. Des pétales ternes mais beaux. De toutes les teintes possibles de violet. Ces fleurs à l'apparence si douce, mais pourtant pleines d'épines, pointues comme de petites griffes. C'est beau, je trouve. Et je ne suis pas la seule à être intéressée. Yami, mon petit corbeau noir, observe intrigué ces roses aux tons si sombres. Curieux comme il est. Un jour, si j'en ai l'occasion, j'en enverrai à ma famille. Ce sera un signe pour leur dire que je suis toujours là, toujours en vie. Et si je le peux, j'en déposerai une là où tu es mort, ototo-kun. Un petit sourire triste de nostalgie apparaît sûr mon visage, alors que je m'éloigne du rosier, et, par la même, de Rosemary.

Je ne vais pas bien loin. Je n'ai pas vraiment envie de trop marcher. De trop me fatiguer. Yami sur l'épaule, je me dirige vers les petites plaines, aux alentours de la ville fleurie. Plaines vertes, d'herbe belle et grasse. Plaines aux quelques arbres feuillus. Pas encore complètement, mais presque. Des feuilles vives et frissonnantes sous le vent. Une ambiance calme et reposante. Je m'approche d'un arbre. Tranquillement, je m'assoie à l'ombre, dos contre l'écorce. Mon oiseau, lui, se poste sur une branche basse. J'enlève alors le sabre de ma ceinture, laissé dans son fourreau. Mais je le laisse à porté de main. Oui, même pour me détendre, c'est jamais sans une arme. Je me laisse bercer par le vent et la fraîcheur de l'ombre qui caressent ma peau. Rien de plus relaxant, je pense. Restant calme et seule - du moins, je le crois - dans l'étendue de verdure, je somnole. Je laisse mon esprit voyage où il le veut. Ce n'est qu'un léger moment paisible, avant de reprendre mon envie de Justice. Un petit moment de répit, dans lequel je reste seule. Mais j'en profite. Le calme fait toujours du bien, et je suis heureuse dans ma solitude. Je n'ai besoin de rien de plus. Je ferme les yeux.

J'entends alors un léger bruit. Presque imperceptible. D'abord, je ne comprends pas bien de quoi il s'agit. Machinalement, je me redresse et porte une main sur la garde de ma lame, prête à la sortir. Toujours ces réflexes de survie. Je devrai pourtant me sentir en sécurité à Rosemary. Je jette un regard autour de moi, examinant les prairies. Je pensais être seule. Pourtant, à plusieurs mètres, au loin de moi, j'aperçois une personne debout, entourée de filaments de lumière. Vision étrange, mais qui m'intrigue et attire mon regard. Me levant, j'attrape mon katana par le fourreau. Et je m'approche un peu. Yami, me voyant partir, me suis en volant. Lorsque je suis plus proche, je peux un peu mieux détailler le faiseur de lumière. La personne est en fait un jeune garçon. Plus grand que moi, mais d'à peu près mon âge, je dirais. Habillé simplement, ses cheveux sont blancs, au contraire des miens. Quant à ses yeux, je ne les vois pas, mais tant pis. Il joue du violon, tandis que des rubans de clarté volent autour de lui et tourbillonnent dans l'herbe. Quelle belle scène. J'observe cette lumière qui semble danser, suivant les notes du jeune homme et de son violon. Un homme d'apparence aussi lumineux que sa magie. Tout le contraire de mon pouvoir, basé sur les ombres. Je suis comme mes illusions, je reste dans le noir. Mais je suis toujours attirée par les lumières. Une parole m'échappe, posée mais un peu étonnée. Calme dans ma posture et mes yeux, ma voix trahit ma légère surprise.

« Toute cette lumière... C'est toi qui fait ça ? C'est... Vraiment beau. »

Et surprenant. Je ne savais pas qu'un tel genre de magie existait. Subete no hikari... C'est beau. Même pour moi, qui n'ai pas l'habitude d'admirer qui que ce soit, je trouve ça beau. Je n'aurais peut-être pas du parler, et profiter encore de ce spectacle étrange. De ce garçon avec son violon. Mais trop tard. J'espère juste qu'il ne va pas m'en vouloir de l'avoir dérangé. Si au moins il m'a remarqué.

Le jeune garçon m'a remarqué. Il me sourit, et l'un de ses rubans de lumière se dirige vers moi. Tout en suivant la mélodie au violon, ce filament s'enroule autour de moi. Autour de mes jambes, de mes bras, de mon haut... Je suis du regard toute cette lumière qui m'entoure et semble m'appeler. Moi qui ai toujours cherchée la clarté, alors que je sentais ma noirceur. C'est comme si cette lumière était trop pour moi. Mais la voir s'approcher dissipe l'illusion qu'est mon attitude souvent froide. Et réchauffe mon cœur. Je sais bien que cet instant ne durera pas éternellement. Et je profite de cette lumière, sachant que de toute façon, je finirais bien par repartir dans les ténèbres. Ça sonne pour moi comme une fatalité. Le garçon de la lumière me.regarde, tout en continuant de jouer sa musique. Ses yeux sont clairs. Très clairs. Comme sa magie, et tout ce qui semble le caractériser. On pourrait traduire ça par "un enfant de la lumière". Dans tous les domaines. En quelques sortes, un opposé. Ça peut être une pure coïncidence. Ou alors un signe du destin. Va savoir. Deux contraires. Ombre et lumière. Illusions et réalité. Noir et blanc. Une rencontre, qui pourrait même sembler un peu surréaliste pour des non-mages. Je la trouve presque normale. A l'exception seule que ce spectacle m'apaise, alors que je me croyais profond dans ma tristesse. Cette lumière, la musique du garçon et de son violon. Oui, tout ça est comme un petit baume au cœur. Tant qu'il continue.

Le filament de lumière qui jouait autour de moi s'éloigne alors. Je pensais qu'il retournerait auprès de son "créateur". Étrangement, non, et il fuit même loin de nous. Je le fixe de mes yeux de nuits. La lumière part à plusieurs mètres. Et je me rends compte qu'elle se dirige là où j'étais il y a encore peu de temps. Près du rosier sombre, buissons aux fleurs violettes. Vers ces belle roses aux petites épines, et au pétales si mauves. Une beauté qui m'attire tout autant que la lumière. Le ruban brillant semble jouer quelques secondes entre les tiges et piquants des roses. Mais il ressort bien vite, ramenant l'une de ces ravissantes fleurs. Et il revient vers vers nous. Le trait lumineux se dirige vers ma main. Je la lève un peu, et ce petit bout de lumière me file entre les doigts. Déposant au passage, dans ma main à moitié ouverte, la rose si délicatement et récemment coupée. Un petit sourire apparaît sur mes lèvres. Les même fleurs qui me fascinaient. Les voir ainsi apportées par la lumière. Pour aujourd'hui, je pense que je ne pouvais pas rêver meilleur tableau. Mon petit sourire présent, presque malgré moi, je relève les yeux. Je garde dans ma paume la rose, dont je caresse les doux pétales. Et je regarde à nouveau le garçon. Ce dernier joue toujours sa petite mélodie, qui semble parfaitement s'harmoniser avec toute cette nature. Il sourit, lui aussi. Un sourire doux, tout autant que son regard. Sans cesser de manier son archet, il se rapproche de moi. Et ses rubans continuent de glisser dans l'air, tournant autour de nous. Puis, calmement, la musique s'arrête. La lumière s’éteint. De retour dans les ténèbres... Mon sourire faiblit un peu. Le garçon relève la tête, récupère son arme. Une faux attachée à un ruban, qui était posée dans l'herbe. Et, amicalement, il me parle, et me réponds. Tout simplement.

Il m’affirme que le spectacle vient bien de lui, espérant qu'il m'a plu. Il se présente, avant de me demander mon nom. M'appelant "belle créature". J'esquisse un nouveau sourire. Un petit charmeur, pourquoi pas. Il s'appelle Yogi. Pas trop dur à se souvenir. Je m'en rappellerai. J'hésite quelques instants avant de répondre. Je pourrai me présenter sous le nom d'Hikari. Mais je repousse vite l'idée. Cela fait bien longtemps que je n'ai plus sorti ce nom. Et au milieu de toute cette lumière, je n'ai pas vraiment ma place. Je réponds au jeune garçon - Yogi. Même si je me veux calme, ma voix trahit encore un certain intérêt.

« Oui, c'était magnifique. Moi c'est Yoake. Enchantée Yogi-san. »

Après avoir parler, je reste quelques instant dans le silence. La rose est toujours dans ma main gauche, alors que je tiens le fourreau de mon katana dans l'autre. Une arme et une fleur... Mais ce garçon n'est pas hostile avec moi. Loin de là. J'aimerai au moins pouvoir lâcher mon arme. Seulement, hors de question question de la laisser traîner, par terre ou loin de moi. Et je ne veux pas lâcher la rose, qu'il m'a si gentiment donnée. Je trouve donc un petit compromis. Rapprochant ma main de l'attache de ma veste, j'approche ainsi la rose. Faisant comme je peux à une main, je la fixe grâce à la tige. Comme une broche, sur ma veste, à la base de ma capuche. Et me voici donc porteuse de deux roses maintenant. L'une caché de tout regard, inscrite sur mon omoplate droite, signe de mon appartenance à ma guilde. Et la deuxième, bien visible, plus mauve que possible, juste là, sous mon menton. Son doux parfum me vient directement. Maintenant libre d'une main, j'en profite donc pour rattacher mon sabre à ma ceinture. Ce qui en me prends pas beaucoup de temps. Contente d'avoir trouvé une place pour la fleur, je redirige mon regard sur Yogi. Le garçon de lumière. Je ne savais pas que la magie pouvait vraiment servir.. dans notre quotidien. Enfin, jusqu'à maintenant, je n'avais vu que la magie dans un contexte de bataille, ou pour faire du mal. Jamais pour une si belle performance. Je parle encore.

« C'est ta magie qui te permet de faire ça ? J'aimerai bien avoir un pouvoir aussi.. lumineux. »

Petit sourire triste. Les illusions n'ont rien à faire dans la lumière, elles restent dans l'ombres. J'imagine que je devrai faire comme elles. Pourquoi rester avec un garçon si lumineux ?

Le garçon me regarde placer ma rose et m'écoute répondre. J'aurais peut-être du faire un effort. Et répondre d'un air plus joyeux. Mais je suis comme ça, je n'y peux rien. Et même si j'aimerai changer, quelque chose me bloque dans mon cœur. Rien ne sera jamais comme avant. Je plonge mon regard dans les yeux clairs du garçon. J'y vois un peu de lumière. Le jeune garçon répond à ma question, sur son pouvoir. Il me le confirme, sa magie est bien à l'origine des rubans. Ainsi, je n'ai plus aucun doute sur le sujet. Quelle belle magie. Il réponds également à ma petite remarque. Ajoutant que pour lui, même la magie la plus sombre pourrait être lumineuse, selon comment on peut l'utiliser. Moi je ne vois pas trop comment. Dit-il qu'il pourrait trouver ma magie lumineuse ? Tous mes monstres et mes illusions.. J'en ai quelques doutes. Mais bon, on pourra toujours essayer. On verra bien ce qu'il pense de mes créatures, et qu'elle lumière il voit en elles. Il finit enfin sur le fait que même la lumière peut paraître ténébreuse. Une lumière destructrice. Il n'a pas tord. Il est vrai que la lumière n'est parfois pas très.. "lumineuse". Tout dépends. Mais avec lui, je trouve qu'elle l'est. Je pense que lui sait bien l'utiliser. Il semble connaître sa magie et savoir s'en servir. Pour le peu que j'ai vu, sa magie à lui est vraiment lumineuse. Par contre, il n'a pas l'air très sur de ses arguments.

Il baisse un peu la tête, avant de la lever au ciel. Son regard se perd sur quelque chose au dessus de nous. A mon tour, je jette un regard vers le haut. Et je vois Yami, voletant calmement au dessus de nos têtes. J'avoue, je l'avais presque oublié. Mon cher ami, qui me suis comme mon ombre. Contrairement à la plupart des personnes, Yogi ne fléchit pas en l’apercevant. Il ne prends pas peur, ne le regarde pas étrangement. Il le regarde juste.. calmement. Comme si ce n'était rien de plus qu'un oiseau. Il observe mon corbeau noir sans penser aux superstitions qu'il devrait apporter. Et j'ai l'impression que, d'une certaine manière, Yami en est heureux. Mon regard se repose sur le jeune garçon, qui se baisse alors. Cherchant dans la verdure, il sélectionne quelques herbes spécifiques. Je ne vois d'abord pas ce qu'il compte en faire. Mais, en le voyant se redresser et sortir un bout de pain de sa poche, je crois comprendre. Il l'émiette, et le mélange à ce qu'il vient de cueillir. Il tend enfin sa paume. Je regarde à nouveau mon oiseau. Yami, apercevant ce repas offert par le garçon, jette lui aussi un rapide coup d’œil vers moi. Par habitude. C'est comme s'il demandait ma permission. D'un hochement de tête presque imperceptible, je l'y autorise. L'oiseau descend alors, doucement, et se pose délicatement sur l'avant-bras du jeune homme. En faisant attention à ne pas lui faire mal, il pique dans sa main les miettes de pain et les graines présentées. Yami, qui d'habitude n'aime pas les étranger, se montre bien calme. C'est la bonne technique pour l'amadouer. A croire que Yogi sait bien comment s'y prendre. Alors que l'oiseau picore, le jeune garçon parle encore. Il parle de mon corbeau. Et ce dernier semble le comprendre, il secoue un peu ses plumes.

Yogi me donne un exemple. Il m’explique que, pour lui, un corbeau est loin d'être porteur de mort. Selon lui, étant un être vivant, il ne peut pas apporter la mort. C'est une manière de voir les choses. Même si je ne vois pas complètement les choses comme lui, je suis quand même d'accord pour les corbeaux. Il me dit que c'est pareil avec la magie. Que leurs natures ne veulent rien dire. Que ce qui compte, c'est la façon dont tu t'en sers. J'imagine qu'il y a quelque chose de vrai dans le fond. Avoir pris les corbeaux est un bon argument pour moi. J'hoche un peu la tête. Oui, j'ai toujours trouvé les corbeaux plus beaux et blancs que les colombes. Ce doit être ce qu'il veut m'expliquer. Et en parlant de corbeau, le miens mange les dernières graines, et se redresse. Yami a finit. Il tourne la tête vers la garçon et le fixe quelques secondes. Avant de, en un battement d'aile, venir sur mon épaule. Regardant mon oiseau, puis de nouveau Yogi, je parle à mon tour.

« Certaines magies, bien que bien utilisées, paraissent quand même sombres. J'ai peur que la mienne ne te paraisse pas si lumineuse. Et la mort succède toujours à la vie. Quoi qu'il arrive, c'est une fatalité. Mais j'imagine que tu as raison, quelque part. Et je suis d'accord avec toi, les corbeaux sont loin d'être des créatures de mort. Ce sont les plus belles qui existent. »

A nouveau, je lui souris. Il a su trouver les bons mots. Les bons exemples. Et Yami croasse. Un petit bruit gentil et amical. Même s'il parait sec et cassant. Il faut savoir reconnaître. Un son pour faire passer un petit message, que je comprends parfaitement. Bien que je ne parle pas le corbeau. Ni d'ailleurs aucune langue animale. Mais je commence à le connaître, mon petit volatile noir.

« Et celui-ci te remercie pour la nourriture. »

J'ajoute, en ayant un petit rire. Je me détends un peu. C'est un jour de repos, il faut que j'arrête de me poser des questions. Au moins pour aujourd’hui. J'ai beau être froide, je n'en aime pas moins sourire. Je ne suis ni en mission, ni en combat. Alors je peux au moins éloigner mon stress, pour le temps que je parle à ce garçon. Sans plus bouger, je décide cette fois de ne pas lâcher ce sourire.

Yogi ferme les yeux au mot mort. Comme si ce mot lui évoquait quelque chose. Peut-être que, tout comme moi, il a eu la mort face à lui, à un moment ou à un autre. Là aussi, j'aurais du être un peu plus douce sur mes paroles. Enfin bon. Il m'écoute rire, et lorsque mon corbeau chante, il n'a pas l'air surpris. Ni étonné, ou ni méfiant. Tant mieux. Après tout, l'oiseau ne fait qu’exprimer son contentement. Rien de méchant. Le garçon au cheveux clairs laisse échapper un sourire, avant de rouvrir les yeux. Il me regarde un instant. Puis il jette ensuite un coup d’œil autour de nous. Comme s'il cherchait quelque chose. Je ne sais pas quoi, et je ne sais pas non plus à quoi il peut bien penser. Mais il scrute la plaine aux alentours. En attendant, je ne dis rien, je le regarde. Yami aussi ne bouge ni ne dit rien, secouant simplement de temps à autres ses plumes cendrées. Après quelques secondes, Yogi me regarde à nouveau. Il doit avoir trouver ce qu'il voulait. Me souriant, il me parle alors. Calmement. Il m'explique qu'il aimerait bien voir magie en action. Pour de quoi elle a l'air. Mais dans un autre contexte que la manière dont je l'utilise d'habitude. Juste pour aider. J'attends la fin de sa phrase, un peu douteuse. Je suis du regard la direction qu'il pointe, d'un côté de la prairie. J’aperçois un homme, surement  un habitant de Rosemary, occupé à travailler. Le garçon me propose de lui offrir notre aide. Mais gratuitement, sans demander de récompense. L'idée en soi ne me dérange pas. Bien sur, je préfère recevoir un paiement pour mon aide. Mais Rosemary est comme une seconde maison maintenant, et j'irai volontiers aider l'un de ses habitants, sans rien demander après.

« Je veux bien, mais.. »

Si . Mais que je comprennes bien, Yogi souhaite voir ma magie en œuvre. Seulement dans cette situation, ma magie ne sert à rien. Même pas à soulager un enfant triste. Et il veut que je m'en serve là. Il me demande d'aider un paysan, avec des illusions. Ce n'est pas que je ne crois pas en mon pouvoir, mais pour ce genre de chose, c’est un peu compliqué. C'est une magie qui sert à me battre, et pas à rendre les gens heureux. Enfin, c'est vrai qu'il ne connait pas vraiment la nature de ma magie. Autant lui expliquer maintenant. J'ajoute, hésitante.

« Ma magie se base sur les monstres, la peur, et l’irréel. Je ne vois pas comment un tel pouvoir pourrait aider cet homme. Je te suis, et l'aide avec plaisir, mais ma magie là est inutile. »

Je fini, presque gênée. Nos deux magies expriment chacun un sentiment. Mais là, ce ne sont pas du tout les mêmes. Et je me demande si Yogi le comprends maintenant. Sa magie apaise les gens. La mienne leur fait peur. Elles se complètent, mais ça ne change pas grand chose. Mon pouvoir reste inutile ici. Je n'aime pas me sentir impuissante, que ce soit moi ou avec mon pouvoir. Alors l'admettre devant un - presque - inconnu, ça me parait encore plus gênant. Je soupire un peu. Mais magie inutile ne veux pas dire impossibilité d'action. Je fixe le garçon quelques secondes, et parle encore rapidement. « Enfin, allons-y. Tu viens ? » Je donne un rapide coup d'épaule, pour que Yami s'envole. Il est un peu pesant, sur le long terme. Et lançant un sourire, je me tourne et commence à marcher en direction du paysans.