Mission 2 w/ Jacen

...
Je monte calmement les escaliers, verre à la main. Et je vois que je ne suis pas seule. Il y a déjà des personnes, ici. Deux membres de ma guilde. Je les reconnais rapidement. C'est Elleanore, le bras droit de notre Master. Je n'ai pas grand chose à dire d'elle. En fait, je ne lui ai jamais vraiment parlé, à part pour quelques rapports de mission. Je ne la connais pas assez. Mais j'imagine qu'elle doit être sympa, et puissante. Et il y a aussi Jacen, mon camarade de guilde, et partenaire pour notre précédente mission. Je ne savais pas qu'il était encore là. Je pensais qu'il était déjà reparti. Apparemment pas. Ils sont tous les deux là, semblant avoir une discussion passionnante. Ne souhaitant pas vraiment me faire remarquer, je me dirige tranquillement vers une des tables à l'autre bout de la pièce. Je ne veux pas prendre part à la discussion, juste me poser quelques minutes, avant de décider quoi faire.


Je reste assise, le regard perdu dans mon verre. Je reste dans ma bulle, faisant abstraction des voix qui m'entourent. Jacen et Elleanore parlent. Je ne sais pas ce qu'ils se disent, mais ça ne me regarde pas. Et de toute façon, ils sont trop loin pour que j'entende vraiment la conversation.
J'aperçois une figure qui s'approche, et qui s'arrête face à moi. Lentement, sans réelle attention, je lève les yeux. C'est Jacen. Il reste devant moi, sans bouger. Un sourire amical sur les lèvres, que je ne prends pas la peine de lui rendre. Il me connait, il ne s'en offusquera pas. Me tendant une enveloppe, il me propose de l'accompagner pour cette mission. Il me dit que c'est à Desertio. Pour y être allé une fois, je sais que ce n'est pas tout près. Enfin, toujours moins loin que Pergrande. Posant mon regard sur la lettre, je la prends pour lire les informations principales. A Desertio, donc, un musée de reliques archéologiques. Apparemment, des voleurs dont la guilde a déjà entendue parler menacent de voler des artefacts. J'avoue que je n'ai pas vraiment entendu parler de cette histoire. Mais encore une fois, je ne m'intéresse pas vraiment à tout ce qu'il se passe ici. Quoi qu'il en soit, on doit faire en sorte d'empêcher ces voleurs d'agir; sans non plus trop attirer l'attention. Plus une mission de protection qu'autre chose. Peut-être même pas de combat en vu. Cette idée m'attriste presque. Mais ce n'est pas grave, ce n'est pas l'important. Arrêter tous les bandits, quels qu'ils soient, c'est mon unique but. Et c'est parce qu'il coïncide avec la volonté de ma guilde que je suis ici. Je ne reculerai devant aucune proposition. Encore moins si c'est bien payé.

Je ne lis pas tout les détails, n'en voyant pas l'utilité. J'ai le gros des infos, ça me suffit. Je relève la tête vers mon camarade de guilde et partenaire de mission, un léger sourire sur les lèvres. J'accepte sa proposition.

« Oui, pourquoi pas. Attends juste une seconde ... C'est bon, on part quand tu veux. »

Je lui réponds, tout en finissant mon verre. Me levant de ma chaise, j’attrape mon arme qui était posée contre la table, et l'attache à ma ceinture. Je la garde toujours près de moi. Si il n'est pas déjà sur moi, mon katana est toujours à portée de main. On ne sait jamais quand le danger arrive.
On prépare rapidement nos affaires, en quelques minutes à peine. Et on est vite prêt à partir.  Avec Jacen, on redescend. Je rapporte mon verre au gérant de l'auberge, puis on sort. On marche calmement jusqu'à la gare. Pas trop de dialogue, on est plutôt silencieux pour l'instant. Ça ne change pas vraiment de notre ancienne mission. A part notre plan d'action, on ne s'était pas dis grand chose. Trouvant le bon train, on monte et trouve prends nos places. Le train ne devrait pas tarder. Direction Desertio. Ce sera surement un long trajet, comme l'a dit Jacen. Ce n'est pas la porte à côté. On va avoir du temps. Autant meubler une discussion comme on peut. Plusieurs heures dans le silence, ce n'est pas très intéressant. Mettons ce temps à profit. J'en profite pour poser quelques questions.

« D'après ce que j'ai compris, cette troupe n'est pas inconnue à la guilde. C'est toi qui t'es occupé d'eux la première fois, non ? T'as des info utiles, sur leur style, leur manière d'agir ? »

En arrivant à nos places, Jacen me raconte brièvement cette fameuse mission contre ces voleurs. A deux, ils n'ont pas réussis à passer Jacen, qui les a fait fuir. Un bon boulot de sa part. D'après lui, ils ne sont pas formidables pris seuls, mais ils sont doués dans leur travail en équipe. Enfin, apparemment pas aussi bons que nous. Tant mieux. Ce sera du gâteau, on pourra vite rentrer. Ils formeraient un groupe de voleur couvrant de plutôt grande distance. Assez pour aller de chez nous à Desierto. Et c'est vrai que ce n'est pas rien. Mon camarade me dit qu'il n'en sait pas plus. Mais ce n'est pas grave, on verra bien d'ici peu de temps. Une fois son explication terminée, Jacen me tends des papiers. Un billet, et une carte d'identité. Fausse, évidemment. Il m'explique en clair que c'est une précaution, histoire que l'on ne puisse pas remonter jusqu'à nous, ou même jusqu'à la guilde. C'est vrai que lorsque nous serons là-bas, personne à part le directeur ne sera au courant de la raison de notre venue. Il n'avait pas à s'en faire pour moi. Le nom de Yoake, lui non plus, ne mène techniquement nul part. Ou en tout cas, pas sur des fiches officielles. Mais c'est quand même bien vu de sa part. Ça sécurise doublement notre affaire. Je regarde les noms sur les papiers, en même temps qu'il me les dit. Neril Thanùm, et Jinen pour lui. Je ne dis d'abord rien, perplexe. Ce ne sont pas les plus beaux faux noms qu'on puisse trouver. Après, ça ne sonne pas trop du coin. Si jamais il y a problème, ils n'iront peut-être pas chercher tout de suite du bon côté. Neril.. Je pense que je n'aurais pas trop de mal à m'habituer. J'espère. Ce ne serai pas la première fois. Mais j'ai peur d'avoir du mal à appeler Jacen, Jinen. On verra bien.

Il me dit, après un court silence que ce n'est pas la première fois qu'il vient à Desierto. A vrai dire, moi non plus, mais bon, ce n'est pas comme si je m'y étais attardée. Il commence alors à parler d'une histoire d'amazones. Comme quoi il aurait été forcé de rester là-bas. Un récit qui m'a l'air bien étrange. Je le regarde, à la fois curieuse et étonnée. Silencieuse, confuse. Il ajoute rapidement en me voyant que c'est une longue histoire, qu'il me racontera peut-être durant le trajet. J'hoche la tête. Il a l'air d’apprécier parler. Et j'avoue que j'aime bien l'écouter. Au moins, il sait faire passer le temps. Après que la voix de la gare l'ai annoncée, le train démarre, et part de Rosemary. Pour un assez long voyage, direction Desierto.

Une fois le train en marche, il parle alors. Seulement, je ne penserais pas qu'il aborderai ce genre de sujet. Pas avec moi. Tout simplement il me parle de ma façon de vivre à Wildrose. Il me dit qu'il vue seule sur mon arbre, me demandant ce que j'y fais. Il ajoute ensuite qu'il ne comprend pas mon attitude solitaire, et émet des hypothèses. L'une trop proche de la réalité m'énerve. Il s'excuse ensuite, semblant comprendre qu'il s'agit là d'un point sensible. Mais ma première réaction est de lui lancer un regard noir. Je ne devrais pas, je sais. Il est juste curieux. Et il a de quoi, il ne connait rien de moi, au final. Mais c'est comme un réflexe. Ce n'est pas contre lui. Je n'aime juste pas que l'on me parle ou reproche mes choix. Qu'est-ce que ça peut bien lui faire que je reste seule. Me calmant rapidement, je tourne ma tête vers la fenêtre. Et comme plus tôt dans la journée, je recommence à broyer du noir. Mes choix ne regardent que moi. Si je préfère rester seule, ce n'est pas son affaire. Je repense à lui, à Yoake. Ça fait plus d'un an, mais je ne l'oublie pas. Je ne l'oublierai sans doute jamais. Pas tant que je continuerai à vivre dans mon passé. Pour l'instant, il ne reste plus rien de la fillette que j'étais avant. Qui sait, je tracerai peut-être un trait sur mon passé. Mais pas tout de suite, pas tant qu'il est tout ce que me fait me battre. Un but, c'est tout ce qu'il me reste. Sans ça, je ne sais pas ce que je peux faire d'autre. Dans le fond, je suis seule et triste, faible et perdue. Mais je n'aime juste pas parler de ces choses-là. D'un autre côté, c'est légitime de sa part de vouloir savoir. Je reste seule. Je ne dis rien, que ce soit sur l'instant en cours, ou sur moi. Ou même sur mon passé. Dans ma propre guilde, personne ne me connait vraiment. Je suis là, je donne mon maximum, mais je reste à l'écart. Mes camarades ne savent sans doute même pas que Yoake n'est pas mon vrai nom. Je parle alors dans le silence, le regard toujours dirigé vers le paysage.

« "Quand la loyauté ne peut s'exprimer elle se transforme en une lame acérée. Alors méfie-toi, car un jour, tu risques de transpercer la personne qui est le plus cher à tes yeux." »

Je me tourne alors vers Jacen, qui me regarde. Je ne veux pas particulièrement lui en parler. Mais ça vient tout seul. Je n'ai pas le temps d'y réfléchir. Comme s'il fallait juste que j'en parle. A quelqu'un, n'importe qui. J'imagine que c'est une façon de dire que je lui fais confiance. Il ne dit rien, je continue.

« C'était une sorte de dicton, une morale, dans mon village. Quand j'étais plus petite, je n'y voyais que des superstitions. Ce n'était pour moi que des paroles des anciens. Mais quand j'ai trouvé cette personne, j'ai compris. » Mon regard se perds un peu dans le vide, triste. « Le sang, la bagarre, au fond de moi j'adore ça, même si je me contrôle. Je ne veux juste pas commettre la même erreur qu'avec Yoake-kun. Je préfère rester seule plutôt que de transpercer des êtres chers. Je préfère me défouler sur toute la vermine des bandits. »

Savoir se battre, c'est un chose. Mais aimer et prendre du plaisir à se battre, c'en est une autre. En quoi je devrai être fière d'aimer tuer, par vengeance ou juste par folie ? Dès le moment où j'ai fais coulé du sang, j'ai toujours été un peu instable. Je suis peut-être un peu folle sur les bords. J'esquisse l'ombre d'un sourire à cette pensée. Tout ça n'a aucune importance de toute façon. Je suis bien comme je suis maintenant. Je travaille, me défoule au nom de la Justice.

« Mais c'est mon choix, et ça ne m'empêche pas de bien faire mon travail. Et regarde, je ne suis pas si seule, tu m'accompagnes bien en mission. J'espère d'ailleurs que celle-ci ne sera pas trop longue, je trouve qu'il fait beaucoup trop chaud à Desierto, et le trajet est vraiment long. »

En espérant que ma tentative de changement du sujet close la parenthèse.

Jacen m'écoute. Je ne sais pas s'il a vraiment fait attention à tout ce que j'ai dis. J'espère que non. Je ne sais pas pourquoi j'ai dis tout ça. Mais c'est un peu trop tard pour regretter. Sa première phrase me le fait croire, alors qu'il commence à parler de la longueur du trajet. Mais il enchaîne rapidement sur ce que je disais avant. Il se proclame lui-même être cher que je ne peux transpercer. M'assurant que dans un duel, sans magie, j'aurais du mal à le blesser. Il me dit tout ça avec un clin d’œil, tout en se désignant. Il semble bien sur de lui. Non pas que j'en doute, mais je préfère ne pas m'y risquer. Je n'ai même pas envie d'y penser. Je reste d'abord sans réponse. Et je fixe mon camarade, alors qu'il continue. Il ajoute que le résultat d'un tel duel entre nous serai différent avec la magie. J'imagine qu'il a raison. Je suis loin d'être la meilleure en combat de force pure. Mais magicalement parlant, je suis plus puissante que lui. Il clôt la parenthèse en me disant que lui est là, si jamais j'ai besoin. Me disant que rester seule n'est pas la solution. Un peu perdue par tout ce qu'il vient de me dire, je murmure un « Merci. » à peine audible. Tandis que mon camarade passe à autre chose. Il me raconte alors ses aventures, pendant la durée du trajet. Il préfère laisser l'histoire des amazones de côté. Et commence à me parler du déroulement de l'une de ses missions. Une bonne blague, de ce qu'il m'en dit. Jacen n'aurait même pas eut besoin de lancer une attaque. Les bandits ce seraient éliminés d'eux-même. Quels imbéciles. Son histoire m'arrache encore un sourire. Il semble toujours avoir quelque chose à raconter. Ses missions, ou même sa vie semblent bien plus intéressantes que les miennes. Il doit être un aiment à éléments drôles et étrange. Je suis sure qu'on pourrait en sortir un bouquin. Ça donnerai quelques chose, du style "Les incroyables et étranges aventures de Jacen". Ça sonnerai bien. Et je suis sure que ça pourrait se vendre. Ses contes durent toute la durée du trajet. Et très vite, nous voyons arriver la gare, à Desierto.

On sort enfin du train. Et comme je l'avais dis, il fait chaud. A la sortie de la gare, Jacen s'approche d'un type à qui il donne un papier. L'homme s'éloigne alors. Sans un mot, presque sans un regard. Et on repart avec Jacen, marchant en direction du musée. A notre arrivée, Yami reste dehors, alors qu'on nous emmène au bureau du directeur. Lui-même qui a demandé notre aide. Il nous fait visiter son musée, et surtout nous présente sa dernière collection. Celle que l'on doit protéger, sans attirer si soupçons, ni paniques. Je regarde un peu aux alentours. Pendant qu'il demande justement à mon camarade comment on compte s'y prendre. Je le laisse répondre correctement. La parlotte, c'est pas trop mon truc. Je regarde et cherche un peu les recoins, et j'entends qu'on sera invité pour une soirée de présentation. J'ai quelques doutes quant au mot "soirée", mais bon, on verra bien. Une fois notre petite visite terminée, on se dirige vers l'hôtel. Jacen utilise son faux nom, Jinen, pour demander notre chambre. Nos tenues pour la soirée seraient déjà prêtes et en haut. Une fois qu'on a nos clés, je monte rapidement. Ça m'a l'air d'être un établissement de riche. J'ai bien envie de voir la tête de notre chambre. On ouvre la porte, on entre. Une chambre.. C'est même une suite. J'aurais du m'en douter. On ne risque pas d'avoir de problème de confort. Je n'ai jamais eu l'occasion d'entrer dans ce genre de bâtiment. A part le château des Lamias, dont l'un de ses membres m'avait montré le hall. Un peu le même genre. Jacen s'avance vers la table. Il y a une mallette, là, posée. Il l'ouvre. Toujours cette mallette. Il en a déjà sorti une pareil à Rosemary, juste avant que l'on parte. C'est là-dedans qu'il devait avoir nos fausses cartes. Je le regarde en sortir différents papiers et objets. Surement des armes et des plans. Il me dit alors d'aller chercher ma tenue, qui doit être dans la seconde chambre. Et ensuite on parlera de notre plan. J'acquiesce et j'y vais, alors qu'il commence à regarder dans la mallette.

Je rentre dans la seconde pièce. Un chambre, aussi spacieuse et luxueuse que la première. J'imagine que c'est le directeur du musée qui l'a payé. Car elle semble plutôt au dessus de mes moyens. J'enlève ma veste, que je dépose sur le lit. En effet, je vois ma tenue emballée juste là. Une tenue de soirée... Génial. Je me suis un peu fait avoir sur ce coup-là. J'ai été inattentive. Si seulement j'avais mieux lu cette feuille, j'aurai surement vu cette note sur la soirée de présentation. Maintenant je dois porter une tenue, et aller le soir en plein milieu d'une foule. Tout ce dont je déteste. Mais bon, ça fait partie de la mission. Ça fait partie du contrat. Je peux bien faire cet effort. Surtout qu'on semble nous offrir et la chambre, et la tenue. J'aimerai bien voir la note à la fin de notre mission. Je sors l'habit de son emballage. Une belle robe noire, simple, pas trop voyante. Ça peut aller. Elle ne semble pas trop longue. Mais il faut encore que je l'essaye. Ça fait un moment que j'en ai pas mise. Ça va être amusant, tiens. J'enlève le peu de vêtement que j'ai à enlever, mes bottes et mon short, pour enfiler la robe. Elle a l'air de m'aller. Elle semble être pile à ma taille. Ça nous épargne des modifications et des retouches à faire. Je regarde dans le miroir de la chambre, agacée. Je dois l'admettre, la robe n'est pas moche. Simple et sombre, une ceinture de roses noires. Au moins, on reste dans l'élément de Wildrose. En tout cas, elle a l'air de plaire à Yami. Ce dernier vole en rond au dessus de moi. Il semble content. Je ne sais même pas si je pourrais l'emmener pendant la soirée. Il va s'ennuyer, seul dans la chambre. Enfin bon, je verrai ça avec mon camarade. Retour sur la robe. Elle n'est pas longue au point de trainer au sol. Mais elle descend quand même assez bas. Et elle a beau être légère, elle entrave quand même une partie de mes mouvements. Ça va être plus compliqué si je dois me battre comme ça. J'ai juste l'impression que c'est une mauvaise blague. Moi en robe, une première. Mais si ce n'était que ça. Je peux en trouver d'autres, des défauts de cette jolie robe. M'emportant un peu, je commence à les énumérer. A voix haute, et ne trouvant comme victime pour m'écouter que Jacen.

« Je vais vraiment devoir porter ça ? Juste pour cette soirée. Si seulement j'avais mieux lu... Jacen! Je suis sur que tu savais. C'est ridicule.. Et mon arme ? Il est hors de question que je sortes sans elle, mais cette robe la cache pas ... Et mon tatouage, lui aussi est visible maintenant. J'espère que t'as une solution à tout ça, Monsieur le pistomancien. »

Je dis, en sortant de ma chambre. Mes derniers mots presque lancés méchamment. Je ne prends même pas la peine de me changer, et fais quelques pas hors de la pièce. Pas besoin d'être dieu pour comprendre que je suis clairement agacée, même énervée. Eh oui, les robes sont un autre de mes sujets sensibles. Je sais, je suis une vraie gamine. Mais c'est comme ça, il n'avait qu'a mieux choisir sa mission. Me calmant quelques secondes, je réfléchis. Et je repense à ce que j'avais remarqué en faisant la visite du musée. Je reprends la parole, proposant mon idée à Jacen. Enfin, ce n'est pas vraiment un choix à prendre. Dans tous les cas, j'emporterai mon épée d'une manière ou d'une autre.

« Si je n'ai pas mon arme sur moi, j'aimerai au moins qu'elle soit dans le coin. J'ai remarqué un léger renfoncement dans le mur entre deux reliques, dans une salle voisine de la réception. On peut la cacher ici. »

...

Jacen semble amusé par ma réaction. Je ne vois pas pourquoi. Je ne trouve personnellement pas ça drôle. Il me réponds qu'il se doutait que ça n'allait pas vraiment me plaire. Pour un peu, je dirai presque qu'il l'a fait exprès. Mais il me dit de ne pas m'en faire, qu'il a tout prévu. Il me montre d'une main le plan du musée. Et m'explique comment il compte procéder. Glissant un compliment sur ma robe entre deux phrases. Mince, c'est vrai que je ne l'ai pas enlevée. Il enchaine, approuvant mon idée de cacher nos armes. Il y avait pensé aussi. Il me dit qu'il compte sur mon bel oiseau noir pour amener les armes, les planquer, et les garder. Il aurait trouver une ouverture par laquelle Yami pourrait se faufiler. Parfait, je lui ferai parvenir l'ordre. Il ajoute que je n'aurais pas à venir désarmée, pointant la mallette. En effet, je remarque différents équipements, en même temps que Jacen me les présente. Une ceinture de petites dagues, à accrocher à ma cuisse. Une lame, plus petite que mon sabre, d'une cinquantaine de centimètres, à cacher sous les roses de ma robe. Discret, mais rapide d'accès. Ça me rassure. Je me sens déjà un peu plus à l'aise. Jacen gardera quant à lui les fumigènes sous sa veste, et la carte d'accès. C'est moi qui m'occupe des armes, vu qu'on ne fouillerait pas une demoiselle. Il me montre pour finir un flacon, contenant je-ne-sais-trop quel produit. Il m'explique que cela cachera mon tatouage. Comme ça, malgré le haut de mon dos découvert, personne ne pourra voir ce détail. Jacen m'explique rapidement notre plan d'action, en abordant enfin le dernier point noir de la soirée. Il me dit qu'elle est faite sur mesure, préparée pour le combat. Et qu'en faisant quelques manipulations, je pourrais me mouvoir aussi bien que d'habitude. Une fois toutes ses explications terminées, il m'annonce qu'il compte se détendre et profiter de l'hôtel en attendant, et me conseille de faire de même. Et il quitte la pièce.

Je ne sais pas trop comment je vais me détendre, alors que je vais devoir aller en soirée. Il va falloir tout préparer, cacher les armes, donner les instructions à Yami. Mais bon. Chaque chose en son temps. Jacen a raison. Nous avons quelques heures avant le début de la soirée. Autant que je m'occupe et que je me détende. Mais pas dans cette robe. Je remets ma tenue habituelle, appelle Yami, et sort de la chambre. Je ne sais pas vraiment quoi faire. Je marche un peu entre les couloirs, mais je ne trouve rien de bien intéressant. Les spa ou salons de relaxation, ça ne m'intéresse pas. Je remonte bien vite dans ma chambre. Mon seul vrai remède contre le stress, un bon bain. Et j'ai largement le temps. Je profite de ce moment de calme, de détente. On en oublierai presque les problème. Presque. Mais à peine sortie, la pression revient. Il faut se préparer. Je m'habille, n'oubliant pas les équipements que m'a filé Jacen. J'attache la ceinture à ma cuisse. Et cache la lame dans le dos de la robe, sous les roses. Je vérifie que rien ne soit visible. Je ne sais pas où mon camarade a trouvé ces équipement, mais c'est parfait. On ne peut pas les remarquer. Je suis prête, je n'ai plus qu'une chose à voir. J'appelle mon corbeau, qui vient se poser sur mon poignet. Je lui donne les instructions que Jacen m'avait dites. Avec un petit sourire.

« Yami, on va avoir une mission pour toi. Avant qu'on parte, Jacen va rassembler nos armes. Il faudra que tu les emmènes dans une salle - tu la reconnaîtras, elle a une ouverture - et que tu les caches. Je te fais confiance, tu en prends soin. »

Je lui montre rapidement sur le plan. Il me réponds par un croassement, sûr. Je sais qu'il a compris. Il est loin d'être bête. Maintenant, il n'a plus qu'à attendre. Dès que tout sera près, il pourra y aller. Et son travail sera fini lorsqu'on ira récupérer nos armes. Jacen prépare donc les armes. Et, alors qu'on part avec Jacen, mon oiseau s'occupe du paquet. Je sais qu'il va bien s'en occuper. J'ai confiance.

Pendant ce temps, on arrive à la soirée. Comme convenu, nos noms sont sur la listes des invités. Ou plutôt, nos faux noms. Et on peut rentrer. Il y a tellement de monde présent. Tous ont l'air d'être de milieux assez aisés. Il n'y a que des riches pour s'intéresser à des os ou des reliques anciennes. Jacen semble à l'aise. Loin d'être dérangé par l'ambiance. Il me tends même une coupe de champagne. Moi, c'est une autre histoire. Contrairement à lui, je suis loin d'être à l'aise dans toue cette foule. Intimidé, je regarde autour, mais ne lâche pas mon camarade d'un semelle. Je reste accrochée à son bras. Silencieuse. Nerveuse. Ma fierté en prends un coup, c'est clair. Mais qu'est-ce que je peux faire d'autre. Je ne veux pas me perdre entre les gens. Jacen me prévient qu'il a remarquer un potentiel suspect. Le type à la canne. Je le repère. Il faudra le surveiller. On aura tout le temps de la soirée. La première partie est d'ailleurs assez calme. Et assez ennuyeuse. Les gens parlent entre eux, admirent la nouvelle collection. Quelques personnes viennent nous voir, mais je suis trop stressée pour parler. Je laisse ce plaisir à Jacen. Il semble tellement à l'aise. Moi je regarde autour de nous, et surveille de temps en temps le type à la canne. Après passé un certain temps, quelqu'un demande le calme. Le foule se tourne vers lui. Une fois qu'il reçoit l'attention de tout le monde, il parle à nouveau, d'une voix enjouée.

« Maintenant, mes amis, Il est l'heure de danser. Que chacun trouve son partenaire et se mette en place. »

Je me stoppe complètement dans mes pensées. Une danse. Une danse. Le directeur du musée, le maître de soirée, demande à ce que l'on danse. Non, c'est une mauvaise blague. Ça peut pas être vrai. Et pourtant. Je vois la plupart des hommes et des femmes se mettre en duo. Quelques musiciens se préparent. Ils comptent vraiment danser. Je me sens encore plus mal à l'aise. Ça aussi, c'était écrit sur le papier ? J'aurais quand même pas manqué ça. Hikari, quelle idiote! C'est la dernière fois que j'accepte une mission les yeux fermés. Peut-être que Jacen le savait. Peut-être qu'il était aussi au courant pour la danse. J'espère pas pour lui, ça finirai mal sinon. Je me tourne vers lui, espérant qu'il dissipe mes doutes. Mais je le vois qui me sourit légèrement et tend sa main vers moi. Alors c'est vraiment pas une blague. Et il faut vraiment que je danse. Durant la même journée, il faut que je porte une robe, que j'aille à une soirée, et que je danse. Tuez-moi tout de suite. Je ne pouvais pas plus mal tomber. J'ai un sourire inquiet. Crispé.

« Nan, tu veux rire. »

Mais Jacen a l'air très sérieux. Et ce serait surement déplacé de refuser. Je crois que j'ai pas vraiment le choix. Je prends sa main, et on se retrouve sur la piste de danse, entre d'autres duos. « Mais... » Je n'ai jamais dansé. Jamais. Je n'en ai jamais eu l'occasion. Et je n'ai jamais appris. Bien sur, j'ai déjà vu des gens danser. Mais je ne connais aucun pas. Les seuls "pas" que je connaisse, ce sont ceux que je dois faire épée à la main. Comment je vais faire? Jacen doit remarquer mon hésitation. Car il me dit, calmement.

« Laisse-toi guider, et ça se passera très bien. »

Je hoche la tête, mais ne dit rien. Un peu embarrassée. Dire qu'il doit me rassurer. Moi qui me bats comme une lionne sur le champ de bataille, je perds mes moyens dans un bal. C'est loin de l'image froide et calme que j'essaye de montrer de moi. Mais j'imagine qu'il a raison. Le plus simple, ça reste de suivre ses mouvements. Il commence à danser. Même si je n'y connais rien, je peux quand même dire qu'il dans bien. Il a l'air sur de lui, et bouge ses pieds de manière assurée. Comme la plupart des gens autour de nous. Tout le contraire de moi. Je le suis. Enfin, j'essaye en tout cas. Les premières minutes ne mènent pas à grand chose pour moi. Je n'y arrive pas. Même si quelques uns de mes mouvements suivent bien, je finis toujours par faire des faux pas. Et, susceptible, ça m'énerve. Mais j'essaye de me calmer et me détendre. Et je recommence. Au final, j'y arrive. Je suis Jacen, qui suit la musique. C'est lui qui mène la danse. Finalement, on est pas si mal. Et enfin, je commence presque à apprécier la danse. Presque.
On danse pendant un bon bout de temps. Je ne sais pas si c'est bientôt terminé. Le directeur propose alors un changement de partenaire. Les duos autours de nous se mélangent. Mais je ne lâche pas Jacen. Presque inquiète. Je veux bien faire un effort, mais il ne faut pas abuser. C'est quelque chose de danser avec un camarade. C'est autre chose avec quelqu'un qu'on ne connait pas. La danse doit être bientôt finie, de toute façon.

« Hors de question que je danse avec quelqu'un d'autre. »

Je danse avec Jacen pendant encore quelques minutes. Ou plutôt, Jacen mène la danse. Heureusement, on a pas changé de partenaire. Et ce moment de danse est presque terminé. Lentement et discrètement, Jacen nous dirige vers l'une des sorties de la salle de réception. D'après le plan, celle qui mène la ou nos armes sont planquées. Parfait. Dans un dernier mouvement, Jacen me lâche. A l'instant même où les musiciens arrêtent la musique. Les danseurs et invités les félicitent. Profitant de la distraction générale, j'avance dans le couloir. Jacen ne perds pas une seconde et me suit. Et personne ne remarque les roses s'éclipser. Mon camarade sort la carte d'accès, qu'il avait gardée sur lui. Celle-là qui va nous permettre d'avoir libre accès à toutes les salles nécessaires. Je suis Jacen, alors qu'il ouvre une à une les portes de sécurités. Lançant de temps en temps un regard en arrière, pour m'assurer qu'il n'y a personne. Un duo efficace. Jusque là, aucun problème. Les couloirs sont vides. Personne derrière nous. Seulement, juste à l'entrée de la salle ou est planqué Yami, il y a des gardes. Et pas qu'un ou deux. Une bonne brochette, presque une dizaine. Ça va être plus compliqué. On ne peut pas sortir et leur demander de nous laisser passer. Personne n'est au courant de notre présence. La seule manière de passer, c'est de les mettre hors d'état. On a pas vraiment le choix. On ira présenter nos excuses au directeur plus tard. Jacen s'agenouille alors. Passant sa main sous ma robe. M'arrachant un sursaut. Surprise. Les joues rosées, gênée. « Qu'est-ce que.. » Mon premier réflexe est de lever la main, prête à faire tomber le poing comme une sentence. Il garde son calme, et tente de s'excuser. C'est.. plutôt embarrassant, comme situation. Mais je n'ai pas vraiment le temps de dire quoi que ce soit. Les gardes nous tombent dessus.

Pour nous laisser un peu de temps, Jacen lance deux fumigènes. Son geste, bien qu'un peu déplacé, a tout de même replié la robe. Elle est à peine plus longue que mon short. Et je peux me mouvoir parfaitement bien. Pratique. Même si je pense qu'il aurait simplement pu me dire comment ça marche. Mais bon, on reparlera de ça plus tard. J’attrape l'un des couteaux attaché et ma cuisse et la petite lame cachée dans mon dos. Et me sert des manches pour assommer quelques gardes. Le but n'est pas de les tuer, ni de les blesser. Alors je fais attention à mes coups. Ça ferai des problèmes, sinon. A deux, on les met hors d'état rapidement. Sans bruit, sans alerter d'autres gardes. Ça, c'est de la discrétion, et du bon travail d'équipe. Je pensais qu'on en avait fini, mais Jacen en repère un dernier. Juste derrière nous. Et il "empreinte" deux des couteaux directement accrocher à ma cuisse. Encore une fois, ça me surprends. Je serre les dents. C'est pas le moment. Mais dès que c'est fini, je jure qu'il va s'en prendre une. Il s'occupe de les rassembler et de les attacher dans un coin. Il a l'air plutôt content de notre coup. Enfin, c'est ce qu'il dit. Je me dépêche d'entrer dans la salle, pour trouver Yami. Il nous attendait sagement, près de nos armes. Juste comme je lui avais demandé. Lorsqu'il me voit, il vole jusqu'à moi. Calmement, faisant le moins de bruit possible. Je le félicite et le remercie en lui caressant les plumes, avant de récupérer mon arme. Mon corbeau s'envole alors. Il a fait ce qu'il fallait. Maintenant, il peut y aller. Il n'aime pas les bastons de toute façon. Fidèle, mais un peu trop peureux. Jacen reprends ses armes, et je reprends la mienne. Je la rattache comme je peux à la ceinture. Des couteaux, une fine lame et un katana. J'ai de quoi me défendre ce soir. Terminant de se rééquiper, Jacen me fait un topo de la situation. Le type à la canne est donc bien l'un des voleurs. Ou du moins, un allié. Concentrée sur la danse, je ne l'avais pas vu voler la carte. Il m'indique un couloir, vers lequel il pense qu'ils vont arrivé. Je ne suis pas pro en infiltration et discrétion. Je lui fais confiance. On va essayer, comme Jacen l'a dit, d'arriver avant eux.

« Bien. Mais d'abord... »

Je me tourne vers lui. Je laisser exploser la gêne et la colère des dernière minutes. D'une manière plutôt féminine. Voire même gamine. Mais je m'en fous, il l'a cherché. Pour la mission ou pas, je m'en moque à cet instant. Laissant ma main voler d'un geste vif. La claque raisonne presque dans toute la pièce.

« Si tu me refais des coups comme ça, et sans me prévenir, je te jure que.. je t'ouvre le ventre et prélève tes organes un à un, douloureusement, et sans t'endormir! »

Pas la peine de préciser de quoi je parle. Je suis sur qu'il est assez intelligent pour comprendre tout seul. Bon, c'est peut-être un peu exagéré. J'ai peut-être perdu un peu mon sang-froids. Mais au moins, c'est clairs. Je me retourne, énervée, un peu gênée, vers la direction indiquée par mon camarade. C'est pas tout, mais faut se dépêcher. C'est mieux pour nous si on arrive avant eux. Je traverse rapidement les couloirs, accompagnée de Jacen. Il me montre le chemin. Après tout, c'est lui qui a regardé le plan. Je l'ai à peine survoler. On tourne au coin des deux couloirs, et on arrive presque. Une voix nous parvient. Du bout du couloir. D'autres gardes ? Je n'espère pas. Ça nous ralentirai. Et ça nous mettrait mal. On écoute, et on observe d'abord. Deux voix. Trois personnes visibles. Juste devant la porte indiquée par Jacen.

« J'ai cru que tu nous ouvrirais jamais. Il a beau faire chaud, le soir, le vent est quand même frais. »
« La ferme, on a pas beaucoup de temps. »

Ce sont eux. Ce sont les voleurs. Ils sont là. Jacen les avait bien anticipés. Parfait. Et comme il l'avait vu, l'homme à la canne est bien parmi eux. Il leur à ouvert. Et maintenant, ils sont trois intrus dans l'enceinte du musée. Bon, pour les combattre dehors, c'est rater. On va devoir s'en occuper là. Ils semblent discuter trente secondes, avant de se diriger vers le bout du couloir. Ils ont l'air de savoir où ils veulent aller. « Stop! Vous n'irez nul part. » Les trois lancent un regard dans notre direction. J'avance, me rendant bien visible. Je n'allais pas les laisser partir. Et de toute façon, maintenant qu'on est là. On n'a plus vraiment le choix, ni eux, ni nous. Notre but, c'est de les empêcher et les arrêter. C'est ce que je fais. Les voleurs sont d'abord surpris. Particulièrement les deux autres. J'imagine qu'ils ne s'attendaient pas à avoir de la visite. L'homme de la réception, lui, m'a l'air un peu plus sur de lui. Il m'a aussi l'air un peu plus malin. Après tout, c'est lui qui devait s'infiltrer de l'intérieur. C'est surement le "chef" du petit trio. Enfin, tout ça ne change rien au fait que je compte bien les éclater. Avec l'aide de Jacen, bien sur. L'homme nous regarde un instant. Puis sourit. J'ai l'impression qu'on a pas l'air de vraiment l'impressionner. Et pourtant, il ne devrait pas nous sous-estimer. Il ne sait pas à qui il a à faire. Notre duo a déjà fait ses preuves. Si toute une troupe de dix bandits n'a pas tenue face à nous, ces trois là ne nous poseront aucun problème. Je n'ai pas de doute. L'homme à la canne nous fixe.

« Des gardes mages.. J'vous les laisse. »

Il annonce, avant de nous tourner le dos et de commencer à s'enfuir. Il prends le couloir face à nous. Merde, faut pas qu'il parte! Surtout pas. Je commence à courir dans la direction vers laquelle il est parti. Mais l'un de ses sbires se poste face à moi. Me coupant le passage. Et m'arrêtant dans ma course. Un sourire narquois sur le visage, que je n'aime pas du tout. Presque arrogant.

« Tout doux ma belle, reste là et laisse-nous faire notre boulot. »

Il me dit, matérialisant dans sa main une sorte de disque d'argent. Fin et presque aussi tranchant que ma lame. Ça, ça doit faire mal. Mais je crois voir c'est quelle sorte de magie. Son commentaire me donne envie de lui en mettre une. Moi aussi, j'ai un boulot à faire. Je regarde par dessus son épaule. L'autre s'enfuit, dans les couloirs. C'est pas bon du tout. Si on le perds, on risque d'avoir du mal à le retrouver. Le musée est grand. Et on n'est pas sur précisément de leur cible. Il pourrait voler n'importe quoi. Ou tomber sur d'autres gardes. J'essaye de repasser, mais l'autre ne lâche pas. Je me tourne vers mon camarade pistomancien. Je lui lance, presque inquiète. Un peu frustrée.

« Jacen, faut le rattraper! Je peux m'occuper d'eux. »

Jacen s'avance, pour partir à la suite de l'homme à la canne. Il ne doit pas nous échapper. Surtout pas. Et pendant ce temps, je vais me charger de ses deux acolytes. Ce sera du rapide, je n'en ai aucun doute. Comme si je pouvais me faire battre. Il passe à côté de moi, me présentant des excuses provisoires. En attendant la fin de la mission. Je le regarde, impassible, alors qu'il parle. Ce n'est pas le meilleur moment pour discuter. Mon camarade a raison. Je vais me contenter de ça pour l'instant. Il aura tout le temps de parler au retour. Je hoche légèrement la tête. Puis faisant comme il me demande, je ferme les yeux. J'entends une détonation. Je ne sais pas vraiment ce qu'il a fait. Mais lorsque je rouvre les yeux, Jacen est en train de courir par là où l'homme est parti. Et mes deux autres adversaires sont distraits. Comme aveuglés. Il a dû utiliser un de ses sorts. J'esquisse un sourire. C'est sympa de sa part. Ça m'offre le premier coup du combat. Même si je n'en ai pas vraiment besoin. Ce n'est pas comme si ils étaient de taille. Mais bon, je ne vais pas non plus rater l'occasion. J'en profite pour lancer vers eux mon sort Shadow Thorn. Plusieurs épines d'ombres viennent se planter dans leurs peaux. Leur arrachant un légers cri de douleur. Ils semblent surpris. Et lorsqu'ils retrouvent leurs moyens, ils se tournent vers moi. Ils me regardent, et sont forcés de constater que mon allié n'est plus là. Ils semblent plus sereins, ils ne croient pas en mes capacités. Faut dire qu'ils sont bien baraqués face à moi. Mais ils vont voir. Je pioche une arme parmi celles que j'ai sur moi. J'ai le choix. Prenant d'abord mon sabre, je dégaine et l'attrape à deux mains. Je le sens à la puissance qu'ils dégagent. Ils ne font pas le poids devant moi. Je devrai pouvoir en finir rapidement. Et retrouver Jacen et le troisième voleur. Mais je suis toujours un peu sur les nerfs à cause de tout à l'heure. Et j'ai bien envie de m'amuser un peu avant de les mettre KO. Histoire de leurs faire comprendre leur infériorité. Sure de moi, je leur envoi un regard de défi. Prête à en découdre, je les provoque un peu.

« Allez, venez. Je vous attends. »
« T'as l'air bien sûre de toi, petite. »

Le premier type me parle, moqueur et souriant. Je vais lui faire payer son arrogance, tu vas voir. Ils ne peuvent rien contre moi. Je n'ai pas peur d'eux. Et je leur fais bien comprendre.

« Je n'ai rien à craindre de vous »

J'ai presque pitié d'eux. Ils n'ont aucune idée de ce qui les attends. Et sont persuadés qu'ils vont pouvoir me battre. J'avais presque oublié que les bandits étaient à ce point prétentieux. Enfin, je le suis peut-être un peu aussi. Mais ça n'a rien à voir. Le deuxième type parle alors, pour la première fois.

« Tu devrais. Notre boss va s'occuper de ton pote. Et nous, on va s'occuper de toi. »
« Si vous le croyez, vous nous sous-estimez. »

Et je pense ce que je dis. J'ai confiance en mon camarade. Je sais que Jacen va s'en sortir. C'est pas le genre à se faire battre par n'importe qui. Et surtout pas par un simple voleur. Je me mets en place. Calme. Prêts pour le combats, eux aussi se préparent. Utilisant leurs pouvoir, l'un d'eux refait apparaître deux disques d'argents. Et l'autre des armes semblables à des couteaux. Ils ont tous les deux la même magie. Du Silver Make. Et semblent capables de créer des objets assez tranchants. Le genre d'arme au tranchant bien aiguisé. Enfin bon, encore faut-il qu'ils puissent me toucher avec. Ils s'élancent vers moi, et le combat s'engage. Ils m'attaquent tour à tour. Parfois tentant des attaques de loin, lançant leurs armes. Ou parfois en attaquant au corps à corps. Mais dans les deux cas, ils ont du mal à me toucher. J'enchaîne face à eux parades, gardes et esquives. Trop rapide pour eux. Ils ont pourtant l'avantage du nombre. A deux contre une. Mais ils sont trop lents. Et pas assez coordonnés pour des équipiers. Ils balancent leurs attaques n'importe où. Je me demande parfois s'ils essaient vraiment de me blesser. Ils ne font attention à rien dans la salle. Je me vois même contrainte d'utiliser à plusieurs reprises mon Shadow Shield. Me plaçant alors devant des reliques du musée. La requête était très claire : aucun dégât ne doivent être infligés aux pièces exposées. Avec ces deux imbéciles qui attaquent dans tous les sens, pas évident. Mais j'arrive quand même à faire en sortes que rien ne soit cassé. C'est déjà ça. Au moins, le directeur n'aura pas à râler pour ça. Mais protéger le musée m'empêche de me concentrer uniquement sur le combat. J'évite de justesse un disque d'argent, qui m'écorche les côtes. Et un couteau me frôlant l'avant-bras. C'est à peu près les seules blessures que je subis. Je ne leur laisse pas le temps de m'attaquer plus. On s'est bien entraîné, on s'est bien amusé, mais ça suffit. Il est temps d'en finir.

J'accélère mes mouvements, augmente le nombre de mes attaques. Leur tailladant la peau du tranchant de ma lame. Je ne leur laisse pas le temps de riposter. Ils ne font que reculer. Le premier essaie de me parer avec ses petits couteaux. Sans succès. Il se retrouve acculé, dos au mur. Je lui donne un violent coup de poignée dans la tête. L'étourdissant. Je ne l'ai pas loupé, il commence à tomber lentement. D'un geste vif, j'attrape l'un des couteaux attachés à ma cuisse. Et je plante le plante dans sa main. Lui arrachant un cri de douleur, et l'empêchant pour l'instant de bouger. Un de moins, où est le deuxième maintenant? Je me retourne, un légers sourire satisfait. A peine une minute pour m'occuper de l'un, l'autre sera tout aussi rapide. Je vois à son visage qu'il est moins confiant. Et ça me fait sourire un peu plus. Je m'avance vers lui, tirant la petite lame cachée dans mon dos. Déviant ses disques et créations d'argent. Lui recule, inquiet. Arrivée à sa hauteur, j'esquive l'une de ses attaques et lui plante la lame courte dans l'épaule. Et pointe mon katana droit sur sa gorge. Mon sourire parti, je le fixe sérieusement. Il serre les dents. J'ai gagné.

« Battus par cette petite, et je devrais vous craindre ? »
« Tu vas nous le payer. On reviendra. »
« C'est ça... »

Je lui réponds, ennuyée, avant de lui donner un dernier coup. Il tombe. J'ai fini mon boulot ici. Je me suis occupé de ces deux voleurs. Reste à savoir comment s'en est sorti Jacen. Il n'est toujours pas revenu. Et je ne sais même pas où il est. J'imagine qu'il a pu rattraper le troisième bandit. Mais impossible pour moi de savoir le déroulement du combat. Je devrais peut-être aller le chercher. Mais cet endroit est grand. J'en aurais pour de longues minutes avant de le retrouver dans ce labyrinthe. Tant pis, je vais tenter d'aller le chercher. Je me tourne vers le couloir par lequel Jacen et l'autre sont partis. Alors que je m'apprête à y aller, il revient justement. Traînant derrière lui le troisième voleur, attaché. Je savais bien qu'il n'y avait pas de quoi s'en faire. Il avait bien raison, ils sont loin d'être aussi bons que nous.  Je l'aide à réunir les trois voleurs, les attachants ensemble dans un coin de la pièce. On a fait ce qu'il fallait. Arrêter les bandits, et protéger les œuvres du musées. Enfin, c'est bon de mon côté. J'espère Jacen n'a rien laissé se casser. Il parle en même temps, confirmant qu'ils ne faisaient pas le poids face à moi. Et ajoutant qu'il faut annoncer notre mission terminée. Je lève la tête. Regardant vers mon camarade, un léger sourire à peine dissimulé. Réagissant à ses premiers mots. Fière de moi. Arrogante même, sans vraiment le vouloir.

« Bien sur qu'ils ne faisaient pas le poids, qu'est-ce que tu crois. A peine plus dur qu'un entraînement. »

Je leurs lance un regard en coin. Les voilà tous les trois, assommés, attachés. On s'en est occupé rapidement. Sans trop de blessures. C'était presque trop facile. Je suis sure que j'aurais pu m'en occuper toute seule. Bon, ils ont quand même réussis à me toucher une ou deux fois. Mais rien de bien grave. Des égratignures qui se soigneront vite. Je me retourne vers Jacen.

« Mais t'as raison. Allons voir le directeur, chercher notre récompense et rentrer à l'hôtel. »

Oui, allons-y. Que l'on aille récupérer notre récompense. On ne fait pas ça pour rien. Aussi que l'on aille s'excuser pour les quelques gardes que nous avons mis hors d'états. Enfin, pour ça, c'était eux ou nous. Une fois qu'on sera allé le voir, lui ou les autorités, on pourra retourner à l'hôtel. Et je pourrais enfin me changer. C'est pas que j'aime pas cette robe. Au fond, elle est belle. Mais même raccourcie, je me sens mal à l'aise dedans. J'ajoute d'une voix basse « Je vais pas supporter longtemps d'être dans cette robe. ». Oui, j'aimerai bien récupérer mon short et ma veste. Après, ça ira. Et Yami doit nous attendre, d'ailleurs. Dehors ou dans la chambre. Il ne faut pas trop le faire attendre. Bref, j'aimerai partir d'ici au plus vite. Donc je bouge. Je commence à marcher, en direction d'un couloir. Normalement celui qui mène au directeur. Et vers la sortie. Après quelques pas, je lance à Jacen. Qu'il ne croit pas que j'ai oublié.

« Et n’oublie pas que j'attends ces explications. »

On bouge avec Jacen. Enfin! on va y aller. Mais avant de partir, on passe quand même voir rapidement le directeur. On le prends à part, durant la fin de la fête, pour lui raconter vite fait le déroulement de sa requête. Lui expliquer la situation finale. Les gardes, les voleurs. Où ils sont, chacun. Pourquoi on a été contraint de mettre des gardes hors-service. Lui assurer que toutes les pièces et reliques sont intactes. Et aussi chercher notre argent, pour enfin pouvoir rentrer. Une fois cette dernière formalité faite, on quitte la soirée, direction l'hôtel. Sans repasser par le bal. Heureusement. On sort du musée, dans la nuit. Il est déjà tard. Et comme l'avait dit l'un des voleurs, il ne fait pas si chaud. Heureusement qu'on est pas très loin. On marche, plutôt calmement, sans parler. Assez normal, pour moi. Ça ne change pas vraiment de mes habitudes. Mais presque à ma surprise, mon camarade aussi reste silencieux. On ne dit rien de tout le trajet, jusqu'à la chambre. Lorsqu'on arrive, mon camarade retire armes, veste et cravate. Il s'allume une cigarette, vraie plaie pour les poumons, ce truc. Et Jacen reprend avec ses excuses et ses explications. Que j'écoute bien, le regard fixe, visage fermé. Il me dit qu'il avait d'abord prévu de m'expliquer le mécanisme de ma robe. Mais dans l'urgence de la situation, il avait préféré agir vite. Utilisant comme excuse ses réflexes d'espion. M’expliquant que ses anciens camarades avaient l'habitude de ce genre de situation. Et qu'il avait réagi par automatisme. Bon, j'admets que c'est une plutôt bonne explication. Il enchaîne avec un exemple, à la suite duquel je lève les yeux au ciel. Ce n'est pas moi qui le laisserai faire ça. Même pour une mission. Ce que j'ai fait ce soir était déjà trop pour mes nerfs. Il finit en s'excusant, m'assurant qu'il me tiendrai au courant, si jamais j'acceptais une prochaine mission avec lui. Il se sert un verre d'eau, avant de me demander si je comptais appliquer ma sentence. Ajoutant qu'on aurait bientôt à partir, me conseillant d'être prudente si je désirais sortir.

« C'est bon. Je m'étais peut-être un peu emportée. Mais une prochaine fois, évite de faire ça. Je ne suis pas une espionne. Et t'inquiète pas pour moi, je sais ce que je dois faire. »

Je lui réponds, calmement. Pendant que Jacen se pose au balcon, je vais dans ma chambre. Maintenant qu'on est de retour, je vais enfin pouvoir me changer. J'enlève ma robe et la lance sur le lit. Attrapant rapidement mon short. Je l'enfile en lançant un regard vers l'autre vêtement. J’attrape ma veste. Je détache la petite lame de derrière la robe, et la ceinture de couteaux à ma cuisse. Mais raccroche mon sabre. Je pense que je vais sortir un peu. Histoire de me changer les idées. Repassant dans l'autre pièce de la suite, j’aperçois Jacen, toujours au balcon. Je dépose l’équipement sur la table, à côté de la mallette. Et rappelant Yami, je sors en silence. Il fait toujours aussi frais. Mais maintenant que j'ai récupérer ma veste, ça va. Je prends un peu l'air, ne partant pas trop loin de l'hôtel. Manquerait plus que je me perdes. Avec moi et mon sens de l'orientation, dans cette ville que je ne connais pas. Ce serai vite fait. Mais cette sortie de nuit me fait du bien. J'avais juste besoin d'un peu d'air pour me calmer. Pour réfléchir. C'est vrai que cette mission a été particulière. Différente et bien loin d'un déroulement habituel de quête. Je ne sais pas pour mon camarade, mais ce soir, j'ai comme découvert un aspect de la vie. Un aspect que je ne connaissais pas. Cette idée de fête. Je n'irai pas jusqu'à dire que j'ai apprécié. Porter une robe, se retrouver au beau milieu d'une assemblée, danser. Mais dans le fond, je ne pense pas non plus avoir détesté. Me tournant vers mon oiseau, je lui caresse les plumes. Le félicitant pour son travail. Tellement perdue dans mes pensées, je n'avais même pas pris le temps de lui redire bon boulot. Je continue de marcher et de réfléchir pendant de longues minutes. A propos de pleins de chose. Cette mission, toujours. Mais également les autres. Mes objectifs, ma Justice, et ototo-kun. Est-ce que je fais les bonnes choses. Est-ce qu'il me pardonne ma faute. Est-ce qu'il me pardonne ma faute. Est-ce qu'il est fier. Toutes ces questions qui me hantent depuis des mois. Que je me pose à chaque mission. Et je n'aurais jamais de réponse. Je marche longtemps, avant de rentrer à l'hôtel. Je vais me chercher quelque chose à manger. Après tout, on m'a dit que c'était offert. Et je remonte dans la chambre.

Je ne fais pas attention si Jacen est toujours au balcon. J'avance directement dans ma chambre. Le temps passe vite. Et déjà dans environ une heure, on va devoir repartir. Il faut que j'emballe les quelques affaires que j'ai ramené. Il n'y a pas grand chose, ce sera rapide de toute façon. Mon sac est vite prêt. Une dernière question se pose pour moi. La robe. Je lance un regard. Elle est toujours posée sur le lit, juste à côté de mon sac. Je ne sais pas trop ce que je vais en faire. D'un côté, je ne sais pas ce qui me retiens. J'avais jusque là une folle envie de sortir mon sabre et de la déchiqueter en morceaux. C'est d'ailleurs initialement ce que je comptais faire. Ne laisser aucune trace du fait que j'ai porté cette chose. Mais d'un autre côté, elle n'est pas si mal. Plus je la regarde, plus je l'apprécie. Ce qui est bizarre, pour moi. Mais elle est simple, pas trop voyante. Et son mécanisme la rends quand même pratique au combat. Il faudrait juste que j'apprenne à l’enclencher toute seule. Je ne veux pas d'une autre scène comme avec Jacen. Mais je crois que je vais l'emporter. Tant pis pour ma fierté, ou même mes premières pensées. Elle est belle et pratique. Je la ramène à Rosemary. Je jette un coup d'œil derrière moi. Il ne me semble pas voir Jacen. Je range la robe rapidement dans mon sac. Et je ressors de la chambre, me dirigeant dans l'autre salle. Ça va être l'heure d'y aller. Jacen est là, lui aussi à l'air prêt. Ne perdons plus une seconde alors. La mallette d'équipement n'est plus là. J'imagine qu'il a du la rendre. Je ne sais pas à qui, mais surement à celui qui nous l'avait fourni. J'appelle mon oiseau, qui vient se poser sur mon épaule. Et je me tourne vers mon camarade.

« On va y aller. C'est bientôt l'heure. »

On attrape nos affaires et on sort, en direction de la gare. Le train est là. On donne nos billets, et on peut monter. Alors que le train commence à partir, je parle à Jacen. Calme, quoiqu'un peu gênée. Je regarde travers la fenêtre. « J'aimerai qu'on évite de trop parler de cette mission... » Le trajet se passe. On parle, un peu. Je dors un peu, aussi. Après tout, notre train est un train de soir. Et notre trajet est particulièrement long. Il faut bien s'occuper pendant tout ce temps. On arrive à Rosemary, quelques heures plus tard. Je ne traîne pas, marchant directement vers l'auberge. Il faut faire notre rapport. Ensuite, j'irai me coucher. Sélès est absente pour l'instant. Mais il y a toujours quelqu'un de présent à la guilde. Nestor, ou Elleanore. Je vais les voir, faisant notre rapport. Il n'y a pas grand chose à dire, à part mission accomplie. Mais il faut bien le faire. Une fois que c'est fait, je vais dans ma chambre. Je pose mon sac, enlève ma veste et m'allonge. Après cette journée, j'ai bien besoin d'un peu de repos.